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Allocution prononcée par Président-directeur général Stuart Murray à l'Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba, le 13 juillet 2012

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Ce communiqué date de plus de deux ans

Ce communiqué date de plus de deux ans. Pour plus d’information, veuillez communiquer avec Amanda Gaudes de notre équipe des relations avec les médias.

Détails du communiqué

Je vous remercie de m'avoir invité à cette célébration. C'est un grand plaisir pour moi d'être ici avec vous.

J'aimerais vous exprimer ma plus sincère gratitude pour votre intérêt dans le Musée canadien pour les droits de la personne.

Merci Monsieur Savoie.

Monseigneur LeGatt, je vous remercie pour la bénédiction.

L'honorable Philip Lee, La sénatrice Chaput, Le Conseiller Vandal, Monsieur Lagacé — président de la Société historique de Saint‐Boniface, Monsieur Dufault — président de l'Union nationale métisse Saint‐Joseph du Manitoba.

Nous qui sommes réunis ici ce soir pouvons prendre quelques instants et nous demander si Louis Riel aurait pu imaginer cela. D'ailleurs, ce petit groupe qui s'est réuni juste au sud d'ici, dans la maison de M. St‐Germain en juillet 1877, aurait‐il jamais pu imaginer qu'une telle foule se retrouverait un millénaire plus tard pour honorer et célébrer leur vision? Les premiers membres de l'Union nationale métisse Saint‐Joseph du Manitoba auraient‐ils jamais pu imaginer que les générations successives de Métis adhèreraient à leur message d'unité, de fierté et de résilience avec le même esprit qui a donné vie à cette organisation il y a 125 ans? 

Nous sommes réunis aujourd'hui pour rendre hommage à cette vision fondatrice, tout comme pour réfléchir sur l'histoire remarquable d'une organisation dont les racines sont aussi profondes que celles de notre province. En fait, bon nombre de ces racines sont même encore plus profondes. Nous sommes réunis aujourd'hui pour regarder en arrière, bien sûr, mais aussi pour regarder en avant. Nous nous rappelons d'une notion à laquelle les fondateurs de l'Union métisse adhéraient certainement il y a tant d'années. Notre travail d'aujourd'hui influencera sur les générations qui nous suivent. L'Union métisse nous enseigne que si nous établissons le bon exemple, c'est fort probable que ces leçons puissent survivent plus d'un siècle plus tard. Construisons les fondations de la bonne manière et il nous sera possible de laisser quelque chose non seulement pour que nos propres enfants s'en inspirent, mais aussi leurs enfants à eux.

Dans le même esprit avec lequel l'Union métisse a été fondée, nous sommes réunis aujourd'hui pour imaginer la possibilité de ce que nous pouvons créer lorsque nous embrassons des idéaux universels qui ouvriront la voie vers un avenir meilleur pour ceux qui hériteront du monde que nous leur laissons. Le thème d'unité sur lequel les activités de ce week‐end sont centrées demeure aussi pertinent qu'il l'était à l'été de 1877. À titre de président‐directeur général du nouveau Musée canadien pour les droits de la personne, c'est à la fois avec inspiration et humilité que je commence à envisager comment le travail que nous faisons aujourd'hui au Musée sera peut être considéré dans 125 ans.

Aujourd'hui, le Musée canadien pour les droits de la personne est une organisation toute jeune. Pour mes propres enfants et les leurs, pour tous nos enfants, c'est mon souhait le plus profond que les générations futures pourront regarder en arrière sur le chemin que nous traçons aujourd'hui au Musée et savoir que les décisions que nous avons prises étaient les bonnes.

L'Union métisse a choisi le chemin de la conviction digne, du principe et de la persévérance et n'en est que plus forte 125 ans plus tard. Aucune autre organisation ne serait mal avisée de prendre un chemin similaire. À mon avis, les leçons de votre longévité vont encore plus loin. Nous reconnaissons qu'un des aspects essentiels du travail de l'Union métisse a été de nourrir une compréhension et une célébration de l'identité. Votre organisation en est une qui a inspiré des générations successives de Métis de tirer un sentiment de fierté de ce qu'ils sont. Le fait que l'Union métisse demeure une organisation dynamique après 125 ans témoigne de la valeur durable et universelle de la connaissance de qui vous êtes, d'être fiers de qui vous êtes et de comprendre que c'est un droit fondamental de pouvoir célébrer son identité et sa culture sans crainte de devoir faire face à des obstacles en dehors de cette culture. Il s'agit là d'une leçon universelle et des organisations comme le Musée canadien pour les droits de la personne doivent s'en inspirer. 

La genèse de notre célébration d'aujourd'hui provient de la conviction d'il y a 125 ans selon laquelle l'identité est en soi vivante, quelque chose qui doit être soignée et nourrie si nous espérons la voir s'épanouir et se développer. Quand une personne dit aujourd'hui " Je suis Métis ", cet énoncé comprend un parcours de 125 ans visant à favoriser un sentiment profond de sens et de fierté. Cette déclaration aujourd'hui saisit une richesse historique, elle porte le respect de l'importance de savoir qui nous sommes et d'où nous venons.

En 1888, les fondateurs de l'Union nationale métisse Saint‐Joseph du Manitoba ont rédigé une constitution qui définit la vision qu'ils avaient pour les enfants de la Nation métisse. Cette constitution comprenait un but qu'il est utile de lire ici : Le but de la société est de resserrer les liens d'amitiés qui unissent déjà les enfants de la nation Métisse du Manitoba; de leur donner les avantages qui résultent généralement de la société; de leur permettre de se connaître, de s'apprécier davantage par un échange plus fréquent des rapports de la vie; d'affirmer davantage la vitalité de la nation Métisse.

Renforcer les liens d'amitié entre les enfants de la nation Métisse; veiller à ce qu'ils puissent bénéficier des mêmes droits et privilèges que les autres.

Il y a une simplicité merveilleusement élégante, intemporelle dans cette aspiration. Ne voudrions‐nous pas la même pour nos propres enfants encore aujourd'hui?

Quel genre de pays le Canada serait‐il si nous devions élargir les " enfants de la nation Métisse " à " tous les enfants du Canada " et ensuite nous engager à bâtir un pays qui vit véritablement dans l'esprit de cette aspiration? Cela fait partie de notre travail au Musée canadien pour les droits de la personne de poser cette question… et ensuite d'aller plus loin en demandant : Quelle identité de nation canadienne aspirons‐nous à construire ensemble? Quels idéaux souhaitons‐nous que le mot " Canadien " transmette et symbolise? Historiquement, le Canada a toujours jonglé avec ces questions d'identité nationale, en partie parce que nous n'avons jamais tenu de discussion formelle et cohérente sur la meilleure façon de les résoudre. Lorsque nous avons tenu des discussions, c'était souvent pour mettre davantage l'accent sur ce que nous ne sommes pas : à savoir qu'en tant que Canadiens, nous ne sommes pas Américains. Mais qu'est-ce que cela signifie de s'identifier comme Canadien et Canadienne? Qu'est-ce que cela devrait signifier?

Le terme " Canadien " peut‐il résumer un sens distinct d'appartenance où les différences d'identité sont reconnues et où tous les enfants ont accès aux mêmes droits, privilèges et opportunités?

Le Canada a apporté plusieurs contributions à l'avancement international des droits de la personne, et comme nation, on peut être fier. Pourtant le Canada n'a pas un dossier sans taches, en matière de droits de la personne, et nous avons l'obligation envers la génération actuelle et les suivantes de regarder le passé bien en face et d'apprendre de nos erreurs.

La nation Métisse a trouvé une unité durable en ayant cherché, il y a de nombreuses générations, à résoudre ces problèmes difficiles d'identité. Le Canada doit emprunter ces leçons afin de trouver des moyens pour lier des cultures distinctes et ce faisant, cultiver un respect pour l'ensemble de ses nombreuses cultures. Voilà le fondement essentiel au développement d'un sens de l'unité nécessaire afin de démanteler les barrières artificielles qui continuent de limiter l'essor d'un trop grand nombre de citoyens du Canada et, en fin de compte, qui empêchent le Canada d'atteindre son plein potentiel.

Nous sommes donc réunis ici aujourd'hui parce que nous reconnaissons que la vision fondatrice de l'Union métisse conserve toujours une pertinence étendue. Ce pourrait‐il alors qu'une partie de la réponse à certains des défis contemporains du Canada et plus urgents qui concernent l'identité, l'inclusion, la compréhension et l'opportunité puisse se trouver dans les enseignements des Métis de notre passé? Nous, au Musée canadien pour les droits de la personne, accueillons certainement cette possibilité.

Certains ont suggéré que la fondation des institutions et des idées avec lesquelles les Canadiens et Canadiennes s'identifient le plus et qu'ils célèbrent de la façon la plus étroite aujourd'hui sont à l'origine autant autochtones qu'européennes. Nous cherchons tous l'harmonie et l'équilibre et souhaitons tous voir notre nation comme un lieu inclusif et égalitaire. Nous n'avons pas une compréhension commune, comme peuple, du patrimoine autochtone qui a, de bien des façons, façonné notre nation.

Les Canadiens et Canadiennes qui viennent visiter leur nouveau musée pour les droits de la personne arriveront à leurs propres conclusions quant à l'avenir que le Canada doit construire pour lui‐même, mais ils trouveront très certainement dans ses murs les témoignages des Métis du Canada. Je me doute bien que nos visiteurs tireront des leçons et de l'inspiration de ces témoignages.

Je pense que nos visiteurs trouveront un pouvoir particulier dans ces histoires pour deux raisons. La première, et la plus importante, est qu'il y a une authenticité quant aux histoires que nous partageons au Musée canadien pour les droits de la personne, et celle‐ci vient du rejet d'une approche paternaliste et coloniale du contenu autochtone que l'on a trop souvent reproché aux musées. Le contenu concernant les Premières Nations et les Métis au Musée canadien pour les droits de la personne a été directement façonné par les Premières Nations et les Métis. À chaque étape. Pour de nombreuses raisons, c'est bien mieux que de simplement s'approprier les contenus, mais cela se traduit en fin de compte par une authenticité distinctive, une richesse et une puissance des témoignages auxquels nos visiteurs seront confrontés. Plus encore, nous voulons voir cette approche nous diriger vers une décolonisation de la façon dont les musées occidentaux explorent la culture autochtone.

La deuxième raison, c'est que les visiteurs du Musée trouveront l'inspiration dans les outils que le Musée mettra en oeuvre pour partager ces témoignages. Les festivités de ce soir et cette fin de semaine nous rappellent combien la musique et l'art sont partie intégrante de la culture Métisse. Il y a tellement d'artistes ici ce soir, et ce qui est remarquable, c'est la façon avec laquelle vous avez donné un goût contemporain distinctif à des traditions artistiques et musicales qui ont pris naissance il y a si longtemps. La musique et l'art sont ancrés dans l'identité des Métis et par conséquent, les histoires des Métis que raconte le Musée doivent refléter cela.

Je suis certain qu'il n'y a aucune personne dans cette salle qui ne connaît pas cette citation : "Mon peuple dormira pendant cent ans. Lorsqu'il s'éveillera, ce seront les artistes qui lui rendront son âme." Les visiteurs du Musée trouveront que ces mots résonnent dans la galerie autochtone du Musée. En effet, cette galerie utilisera l'art afin d'explorer les concepts autochtones de l'humanité et des droits et proposera un portrait complet sur les manières de comprendre les droits de la personne dans une perspective holistique. Il est sans doute également approprié que les conservateurs du Musée envisagent une exposition qui raconte l'histoire des droits des Métis comme une oeuvre d'art en elle‐même.

Je pense aussi qu'il est important d'établir clairement que si une galerie importante du Musée canadien pour les droits de la personne est dédiée uniquement à l'histoire des Premières Nations, des Métis et des Inuits, les visiteurs du Musée trouveront du contenu autochtone dans toutes les galeries du Musée. Il s'agit là d'une décision très arrêtée, et elle reflète une fois de plus cette idée qu'une identité autochtone est directement liée à l'identité de l'ensemble du Canada. Nous espérons que cette action incite les Canadiens et Canadiennes à réfléchir de nouveau sur la question de l'endroit d'où, comme nation, nous venons, de qui nous sommes et de là où nous devrions aller. Peut‐être arriverons‐nous à la conclusion qu'en même temps que nous embrassons et célébrons nos différences, nous avons néanmoins plus en commun l'un avec l'autre que nous pourrions parfois le croire. 

Comme le démontre l'événement d'aujourd'hui, il existe un immense pouvoir au fait de savoir qui vous êtes. En tant que pays, en tant que Canadiens et Canadiennes, nous en sommes peut‐être encore à le découvrir. Mais trouvons une certaine unité dans la conversation et la découverte. Le Musée sera plutôt un lieu où l'on allumera une flamme dans le coeur de tous ceux et celles qui franchiront nos portes. Le Musée canadien pour les droits de la personne est né de la conviction optimiste qu'un monde meilleur est possible. Peut‐être que les fruits de ces efforts seront reconnus dans une salle comme celle‐ci… dans de nombreuses années.

Thank you. Merci. Meegwetch.

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