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Allocution prononcée par Président-directeur général Stuart Murray au Mémorial en commémoration des victimes des grandes famines en Ukraine, le 3 juillet 2012, Kiev, Ukraine

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Ce communiqué date de plus de deux ans

Ce communiqué date de plus de deux ans. Pour plus d’information, veuillez communiquer avec Amanda Gaudes de notre équipe des relations avec les médias.

Détails du communiqué

Merci de cette aimable présentation. Merci à vous tous de nous accueillir ici dans cette ville magnifique, et de nous faire nous sentir si chaleureusement bienvenus dans votre beau pays.

C'est un grand jour pour le Musée canadien pour les droits de la personne. C'est un grand jour pour l'Ukraine et pour le Canada. Nous inaugurons aujourd'hui une nouvelle entente, un nouveau partenariat. Mais ce partenariat est édifié sur les fondements d'une relation établie depuis des générations. Il existe une formidable parenté entre le Canada et l'Ukraine. C'est une parenté qui a contribué à façonner et enrichir le Canada, particulièrement au cœur même de notre pays, à Winnipeg, où loge le Musée canadien pour les droits de la personne. 

Le protocole d'entente que nous avons signé aujourd'hui constitue le tout premier partenariat officiel du Musée canadien pour les droits de la personne avec un autre musée international. Comme institution, nous aspirons à forger de nombreux partenariats, mais il est éminemment pertinent que le premier de ceux‐ci se noue avec l'Ukraine.

Nous devons reconnaître l'influence qu'ont eue les Ukrainiens sur l'élaboration du tissu culturel et social du Canada. Non seulement parce que le Canada abrite la plus forte population de descendance ukrainienne dans le monde, après l'Ukraine et la Russie mais parce que les Ukrainiens ont laissé une trace indélébile sur toutes les facettes de la société canadienne qui permettent aujourd'hui de définir l'identité canadienne. Dans les Prairies canadiennes où se situe le Musée, chacune de nos trois provinces ont été dirigées par des leaders canado‐ukrainiens (Filmon, Romanow, Stelmach). Le 24e Gouverneur général du Canada, le très honorable Ramon Hnatyshyn, venait aussi des Prairies. À Winnipeg, où est situé le Musée, le premier Canado‐Ukrainien jamais élu à un poste public dans notre ville a poursuivi sa trajectoire pour devenir le maire le plus connu et le plus longtemps en fonction de l'histoire de Winnipeg : Stephen Juba. Un record toujours valide.

Sur une note plus actuelle, l'Ukraine et le Canada accordent une signification nationale majeure à la date du 1er juillet. Le 1er juillet marque une fête célébrée dans l'ensemble du pays, la Fête du Canada. Le 28 juin a aussi une forte résonnance ici, étant le jour où, en 1998, fut adoptée la constitution d'indépendante de l'Ukraine.

En Ukraine le 1er marque aussi un événement célébré dans tout le pays, la finale de la Coupe d'Europe. Et quel privilège d'être ici à Kiev au moment où vous accueillez en Ukraine non seulement l'Europe entière, mais le monde entier, à l'occasion d'un événement de portée vraiment planétaire. Les Canadiens ont suivi de très près ce tournoi, depuis ses débuts, comme l'ont fait les amateurs de football de toute la planète. Nous, du Musée, apprécions profondément la chance qui nous a permis de participer à ces célébrations. À titre d'amis internationaux, permettez‐nous de vous féliciter du beau travail accompli. 

Le partenariat que nous avons créé aujourd'hui nous rappelle la responsabilité qui nous incombe de progresser dans la vie en considérant aussi bien l'avenir que le passé. Notre partenariat repose sur la conviction commune qu'ensemble, nous devons trouver le courage de regarder même les recoins les plus difficiles de notre histoire tout en gardant le cap sur un optimisme voulant que nous puissions bâtir ensemble un monde où un génocide tel que celui de l'Holodomor ne puisse se reproduire, durant notre propre existence ou celle de quiconque. 

Notre partenariat d'aujourd'hui reflète notre conviction que nous devons aux générations qui nous ont précédés de ne pas oublier les brutalités dont elles ont été victimes cependant que nous enseignons à nos enfants et à leurs enfants les leçons de la résistance et les victoires humaines qui surviennent lorsque ceux qui ont vu le visage de l'oppression s'unissent sous la bannière des droits de la personne. Nous nous unissons aujourd'hui dans le dessein d'éviter que nos propres enfants n'aient à faire eux‐mêmes l'expérience de la tyrannie du génocide, ou de l'incapacité de l'humanité à la contrer. Si jamais nos enfants devaient connaître la faim, que ce soit la faim de contribuer à créer un monde plus paisible, plus humain et plus juste; un monde qui célèbre la dignité de tous les peuples et reconnaisse inexorablement qu'aucune vie humaine ne vaut moins qu'une autre.

Et puisse nos enfants être inspirés par le travail que nous accomplissons aujourd'hui. Puissent‐ils apprendre de notre exemple de jeter des ponts entre deux nations en faisant peu de cas de l'océan qui les sépare. Puissent‐ils voir que la distance n'est pas un obstacle à l'unité.

Nous, du Musée canadien pour les droits de la personne, ne nous joignons pas à vous parce que l'Holodomor est un drame ukrainien, mais parce que l'Holomodor est une tragédie humaine. Nous nous joignons à vous parce que l'Holodomor fut un assaut d'une impensable barbarie non seulement contre la famille ukrainienne, mais contre la famille humaine tout entière. Nous nous joignons à vous parce qu'une injustice ICI doit soulever PARTOUT l'horreur. Ainsi, le devoir de mémoire et celui de puiser dans ces horribles événements de nouvelles perspectives ne doivent pas reposer sur les seules épaules des Ukrainiens, mais sur celles de tous les citoyens du monde. 

Nous adhérons au principe qu'une attaque contre l'un est une attaque contre tous. 

De même, nous sommes horrifiés en ce moment même, de la cruauté et de l'inhumanité qu'il y a à utiliser la nourriture comme arme; à priver des innocents du simple droit de nourrir un enfant affamé. Nous tirons des forces de notre partenariat, car ensemble, nous augmentons la compréhension des droits de la personne. Nous apprécions à sa juste valeur le pouvoir que nous acquérons en devenant ambassadeurs des droits de la personne. 

Allons de l'avant en combattant la haine et en luttant pour notre dignité respective.des uns et des autres. Combattons l'intolérance et luttons pour le respect et la compréhension. Luttons contre la division et pour la conviction que, comme membres de la famille humaine, nous sommes tous plus semblables que différents. En reconnaissant cela, nous trouvons l'unité, et notre unité fait notre force. 

Aujourd'hui, à Kiev, nous joignons nos forces pour tracer des voies d'avenir. Chacun de nous dans cette salle convient qu'on ne peut avancer sans confronter le passé. Nous sommes heureux de penser que le Musée canadien pour les droits de la personne aura l'occasion de bâtir à partir des solides assises que vous avez établies au Mémorial national. 

Votre travail a apporté conscience et compréhension à d'innombrables Ukrainiens. Le Musée canadien pour les droits de la personne doit en faire autant. 

Le Canada a apporté plusieurs contributions à l'avancement international des droits de la personne, et comme nation, nous en éprouvons une juste fierté. Pourtant le Canada n'a pas un dossier sans taches, en matière de droits de la personne, et nous avons l'obligation envers la génération actuelle et les suivantes de regarder le passé bien en face et d'apprendre de nos erreurs. Le Canada a interné ses propres citoyens d'ascendance ukrainienne durant la Première Guerre mondiale. Près de quatre mille Canado‐Ukrainiens furent internés dans deux douzaines de camps dans tout le Canada. Nous avons mieux agi durant la Deuxième Guerre mondiale. 

Le gouvernement canadien a entrepris une action concertée pour commémorer et reconnaître cette injustice. Mais comme nation, nous n'avons pas encore saisi toute l'étendue de l'ironie voulant qu'un groupe culturel, fièrement célébré aujourd'hui pour sa contribution à façonner l'identité canadienne, ait été traité comme un ennemi étranger par notre propre gouvernement.

On ne peut cacher cela. C'est une histoire que nous devons raconter, et nous le ferons. Nous irons même beaucoup plus loin.

Raphael Lemkin a frappé le terme " génocide " durant la Deuxième Guerre mondiale. À l'intérieur des murs de notre Musée, nous analyserons en détail les événements considérés par Lemkin comme des génocides, et l'étude de l'Holodomor constituera une pièce maîtresse permanente de cette importante exposition.

J'ai mentionné que deux zones du Musée présenteraient d'importants aspects de l'histoire ukrainienne. Dans une troisième galerie, dans le cadre de l'exposition que nous nommons la Révolution des droits de la personne, nous étudierons l'influence qu'a eue l'Holodomor sur l'élaboration du concept international de génocide.

Enfin, notre Musée a consacré l'une de ses galeries à la lutte contre le déni et la minimisation de violations majeures des droits de la personne, sous le titre de " Briser le silence ". Étant l'un des génocides reconnus officiellement par le gouvernement du Canada en 2008, l'Holodomor joue un rôle majeur dans cette galerie. Les visiteurs du Musée canadien pour les droits de la personne prendront connaissance du contexte historique de l'Holodomor et des preuves démontrant que ce crime contre l'humanité a bel et bien été perpétré. On y examinera les efforts déployés pour le cacher aux yeux du monde. 

Ce qui est plus important encore, c'est qu'on y examinera les façons dont les gens se sont servis de leur liberté de parole pour briser le silence à l'égard de l'Holodomor, ont forcé la reconnaissance de cette tragédie et combattent aujourd'hui pour la justice.

Notre but doit être de familiariser tous les Canadiens et Canadiennes avec ces chapitres, même les plus sombres, de leur histoire. Et l'engagement du Musée canadien pour les droits de la personne est d'en présenter un tableau exhaustif. C'est un objectif essentiel, mais nous savons que nous devons viser encore plus haut. Nous devons amener nos visiteurs tant Canadiens qu'étrangers à puiser de la force dans ces leçons et à insuffler aux autres la volonté de se dresser contre l'injustice et pour les droits de la personne.

Nous, dans cette salle, savons que l'un des éléments essentiels de la formule permettant de résoudre des injustices est d'en reconnaître publiquement l'existence. En niant ou en minimisant les atrocités passées – l'Holodomor; l'internement de citoyens libres – nous permettons à la victimisation de poursuivre son œuvre, rendant toute réconciliation et guérison impossibles. Mais en confrontant publiquement et ouvertement les atrocités du passé, nous créons des assises à partir desquelles nous pouvons avancer vers la création d'un monde qui ne répète pas les erreurs du passé.

Notre partenariat d'aujourd'hui me rend confiant en la réussite de notre mission. 

Je souhaite ici saluer le Congrès ukrainien canadien qui a établi le lien entre le Musée canadien pour les droits de la personne et le Mémorial national. Cette médiation débouche maintenant sur une lettre d'entente laquelle a déjà créé des discussions quant à la façon dont nous partagerons connaissances, expériences, meilleures pratiques et ressources en personnel. 

Alors que nous nous préparons à ouvrir nos portes, je peux vous assurer que vous verrez les fruits de ce partenariat reflétés sur nos murs. Les mandats de nos deux musées diffèrent, mais c'est là ce qui, à mon sens, donne à notre partenariat d'aujourd'hui sa valeur exceptionnelle. Au Canada, lorsqu'on nous demande ce que les futurs visiteurs trouveront au Musée canadien pour les droits de la personne, nous répondons souvent que notre premier but n'est pas de réfléchir le passé mais d'infléchir l'avenir.

Si l'on considère le fait que l'histoire de l'Holodomor occupera une place prépondérante et permanente dans notre Musée, nos visiteurs pourront demander des clarifications quant au fait qu'un musée résolument tourné vers l'avenir fasse une si grande priorité de réexaminer le passé. Et si vous vous posez la même question, je vous ferai valoir que le Musée canadien pour les droits de la personne ne sera pas un lieu où le monde viendra allumer un cierge en mémoire des êtres disparus dans les événements les plus tragiques de l'histoire.

Le Musée sera plutôt un lieu où l'on allumera une flamme dans le cœur de tous ceux qui franchiront nos portes afin de nous assurer que de tels événements ne se reproduisent plus jamais. Le Musée canadien pour les droits de la personne est né de la conviction optimiste qu'un monde meilleur est possible. Je suis convaincu que le Mémorial national partage cet optimisme. 

Comme des amis partageant une cause commune, faisons en sorte que le partenariat créé aujourd'hui à Kiev nous rappelle qu'un monde meilleur est à notre portée.

Merci.

Ce communiqué date de plus de deux ans

Ce communiqué date de plus de deux ans. Pour plus d’information, veuillez communiquer avec Amanda Gaudes de notre équipe des relations avec les médias.