Des réalités en images

Huit romans illustrés captivants qui parlent d’injustice, de militantisme et d’espoir

Par Stephen Carney
Publié : le 14 février 2020

Les couvertures de plusieurs romans illustrés. Visibilité masquée.

Détails de l'histoire

De nos jours, on dirait que les bandes dessinées et les romans illustrés sont partout. Vous pouvez les trouver dans les librairies, les bibliothèques et même les galeries d’art. Des adaptations de romans illustrés populaires apparaissent régulièrement à la télévision et battent des records au cinéma.

Mais ce qui est encore plus passionnant, c’est qu’il existe des romans illustrés qui utilisent les outils créatifs et convaincants de la narration visuelle pour aborder des questions relatives aux droits de la personne d’une manière qui peut plaire à tous les goûts, à tous les intérêts et à toutes les tranches d’âge. 

Le Centre de référence international Carte du Musée possède une collection grandissante de romans illustrés qui se concentrent sur des sujets liés aux droits de la personne. Comme notre collection compte un grand nombre d’excellents ouvrages, il peut être difficile de savoir par où commencer sa lecture. 

Pour vous aider à faire des choix, nous vous recommandons huit romans illustrés de notre collection qui valent la peine d’être lus et qui sont recommandés pour un public adolescent à adulte. Chacun d’entre eux est très différent; certains traitent de sujets historiques, d’autres de questions contemporaines. Certains ont une portée épique, d’autres sont profondément personnels. Chacun utilise son propre style artistique pour raconter une histoire puissante sur les droits de la personne. Le point commun de tous ces livres, cependant, est qu’une fois que vous aurez commencé à les lire, vous aurez beaucoup de mal à vous en détacher.

Mandela et le général

John Carlin et Oriol Malet (ill.)

La couverture d’un roman illustré intitulé « Mandela et le général », qui montre le visage de Nelson Mandela, la petite figure d'un homme en uniforme et le continent africain.

John Carlin est un journaliste et un auteur qui a été le chef de bureau du journal britannique The Independent pour l’Afrique du Sud de 1989 à 1995. Pendant une grande partie de sa carrière, il s’est concentré sur la politique sud‐africaine et a publié en 2008 le livre Playing the Enemy : Nelson Mandela and the Game that Made a Nation, qui a ensuite été repris dans le film Invictus. Le livre et le film illustrent tous deux comment, en 1995, Nelson Mandela a utilisé la Coupe du monde de rugby comme un outil pour aider au processus de réconciliation nationale après des décennies d’apartheid, un système de suprématie blanche qui divisait l’Afrique du Sud en catégories raciales.

Dans son dernier ouvrage, Mandela et le général, John Carlin traite de la même façon du concept de réconciliation. Dans le cas présent, l’histoire montre que Mandela s’est efforcé d’éviter le carnage dans la période qui a suivi immédiatement l’apartheid, lorsque les Afrikaners blancs se sont mobilisés pour s’opposer au nouveau gouvernement par la résistance armée. Mandela a rencontré leur chef, un ancien général afrikaner, et l’a convaincu qu’une guerre raciale n’était pas la voie à suivre. 

Magnifiquement illustré par Oriol Malet, le livre souligne la capacité de Mandela à utiliser l’empathie pour comprendre ses adversaires et les affronter sans violence.

Également disponible en anglais sous le titre Mandela and the General.


S’enfuir : Récit d’un otage

Guy Delisle

La couverture d’un roman illustré intitulé « S’enfuir : Récit d’un otage », qui montre un homme étendu sur un lit, dont la main gauche est menottée, l’autre bout des menottes étant attachée à un radiateur.

Guy Delisle est un auteur de bande dessinée canadien bien connu pour ses romans illustrés autobiographiques dans lesquels il raconte ses expériences de voyage et de vie au Myanmar (anciennement connu sous le nom de Birmanie), à Pyongyang, en Corée du Nord, à Shenzen, en Chine, et à Jérusalem, en Israël. 

Son œuvre la plus récente, S’enfuir : Récit d’un otage, est cependant un peu différente. Il s’agit de l’histoire vraie de Christophe André, un travailleur humanitaire pris en otage en Tchétchénie en 1997. Le livre détaille les 110 jours qu’il a passés en captivité et plonge les lecteurs et lectrices dans un monde incertain et effrayant. Guy Delisle fait avancer l’histoire en se concentrant sur la souffrance d’être coupé du monde et maintenu immobile, ainsi que sur les tentatives de Christophe André de conserver un sentiment d’identité et d’humanité tout en refusant de révéler son trouble intérieur et sa frustration à ses ravisseurs.

Également disponible en anglais sous le titre Hostage.


Threads from the Refugee Crisis

Kate Evans

La couverture d’un roman illustré intitulé « Threads From The Refugee Crisis », qui montre une silhouette d’avion et des personnes debout parmi des cabanes.

Kate Evans est une bédéiste, artiste et activiste du Royaume‐Uni. Elle a écrit sur des sujets allant de son expérience de militante pour l’environnement à la santé reproductive des femmes. Elle est également l’auteur de Red Rosa, une biographie graphique de Rosa Luxemburg. 

Son ouvrage Threads from the Refugee Crisis, publié en 2017, décrit son expérience de bénévolat pour soutenir les réfugiés dans la ville de Calais, en France, en 2015 et 2016. Elle réunit les histoires personnelles de gens forcés de quitter leur foyer au Moyen‐Orient, en Afrique et ailleurs, avec des détails de la vie quotidienne dans le camp de réfugiés que ces mêmes personnes considèrent maintenant comme leur chez‐soi. On y voit des bénévoles qui travaillent avec les personnes vivant dans le camp en vue d’améliorer leurs conditions de vie et de leur fournir un abri, de la nourriture et de la compagnie. Kate Evans donne un visage humain à la crise des réfugiés, en montrant les liens brefs mais profonds qu’elle a tissés avec les hommes, les femmes et les enfants dont elle raconte et illustre l’histoire.

Ce titre est disponible en anglais seulement.


Wake Up America

John Lewis avec Andrew Aydin et Nate Powell (ill.)

La couverture d’un roman illustré intitulé « Wake up America », qui montre le profil d'un homme regardant vers le haut.

John Lewis est un membre afro‐américain du Congrès des États‐Unis et un leader des droits civils. Jeune homme dans les années 1950 et 1960, il a rejoint des milliers d’autres personnes dans la lutte contre la haine raciale, la ségrégation, la discrimination et l’inégalité, notamment en participant aux célèbres marches de Selma à Montgomery. 

John Lewis a collaboré avec Andrew Aydin, co‐auteur, et Nate Powell, illustrateur, pour raconter l’histoire de son engagement dans le mouvement afro‐américain pour les droits civils. Le résultat a été le roman illustré en trois volumes Wake Up America, d’envergure épique.

Le livre suit le jeune Lewis depuis son enfance en Alabama, et à travers l’adolescence et l’âge adulte alors qu’il s’implique profondément dans le mouvement des droits civils, travaillant aux côtés de Martin Luther King et assumant un rôle de leader dans le Student Nonviolent Coordinating Committee. Le livre fait un excellent travail en plaçant l’histoire personnelle de Lewis dans un contexte historique précis, et en tant que tel, il s’agit à la fois d’un mémoire personnel et d’une relecture historique de cette période turbulente et violente du 20e siècle.

Également disponible en anglais sous le titre March.


Christie Pits

Jamie Michaels et Doug Fedrau (ill.)

La couverture d’un roman illustré intitulé « Christie Pits », qui montre des petits dessins en noir et blanc séparés par une grande croix gammée.

Jamie Michaels et Doug Fedrau, tous deux de Winnipeg, sont l’auteur et l’illustrateur de Christie Pits, un roman illustré qui dépeint les événements qui ont mené à l’émeute raciale de Christie Pits Park en 1933 à Toronto.

Durant des mois de tension, le sentiment anti‐juif et xénophobe s’était accru à Toronto, avec notamment la création du « Swastika Club », qui avait pour mission de harceler les Juifs et les immigrants et de les tenir à l’écart des plages de la ville. Les manifestations menées par des jeunes juifs entraînaient des contre‐protestations antisémites.

Le 16 août, après un match de baseball entre deux équipes locales, dont l’une était composée en majorité de joueurs juifs, un groupe d’hommes a déployé un drapeau à croix gammée fait maison et a scandé « Heil Hitler ». Les joueurs juifs et italiens des deux équipes, ainsi que certains spectateurs, se sont précipités pour détruire le drapeau, et la lutte qui s’en est suivie a donné lieu à une émeute de quatre heures à laquelle ont participé jusqu’à 10 000 personnes.

Cette histoire de résistance contre les préjugés et la haine se concentre sur la vie quotidienne et les interactions d’un groupe de jeunes hommes et femmes afin d’explorer une période de l’histoire du Canada où l’antisémitisme et l’intolérance étaient flagrants et non dissimulés. L’histoire reste très pertinente dans le monde d’aujourd’hui, où les discours de haine et les préjugés doivent encore être confrontés.

Ce titre est disponible en anglais seulement.


Betty : The Helen Betty Osborne Story

David Alexander Robertson et Scott B. Henderson (ill.)

La couverture d’un roman illustré intitulé « Betty: The Helen Betty Osborne Story », qui montre une jeune femme en vêtements d’hiver avec les phares d’une voiture derrière elle.

David Alexander Robertson est un auteur primé de livres, de romans illustrés et de romans pour enfants et adolescents. Scott B. Henderson est un auteur et un illustrateur connu pour des livres tels que la série fantastique The Chronicles of Era. Leur œuvre collaborative intitulée Betty : The Helen Betty Osborne Story raconte l’histoire vraie de Betty, une jeune femme autochtone qui a été brutalement assassinée en 1971 à The Pas, au Manitoba, par quatre hommes. Ses meurtriers n’ont été traduits en justice que 15 ans plus tard, en 1986.

Le livre est une puissante condamnation du racisme, du sexisme et de l’indifférence qui ont conduit à l’épidémie de femmes et de filles autochtones assassinées et disparues. L’éditeur, Portage & Main Press, a publié gratuitement un guide pédagogique afin de soutenir le traitement du livre dans les salles de classe.

Ce titre est disponible en anglais seulement.


Persepolis

Marjane Satrapi

La couverture d’un roman illustré intitulé « Persepolis », qui montre le visage d’une jeune femme.

Marjane Satrapi est une dessinatrice de bande dessinée, écrivaine, actrice et cinéaste acclamée, née en Iran mais qui a immigré au début de la vingtaine en France, où elle réside et travaille toujours.

Son œuvre autobiographique Persepolis commence quand elle a 10 ans en 1980, l’année après que la Révolution iranienne ait installé un gouvernement républicain islamique dirigé par l’ayatollah Khomeini. Les membres de sa famille, laïque et de classe moyenne, se trouvent de plus en plus en désaccord avec le régime, et ils sont témoins de la répression, du harcèlement, de l’emprisonnement et de la mise à mort de connaissances, d’amis et de membres de la famille.

Persepolis (publié en deux volumes, Persepolis et Persepolis 2, en anglais) raconte son enfance en Iran, son adolescence à l’étranger en Europe lorsqu’elle a quitté sa famille pour aller à l’école, son retour en Iran à l’âge adulte et sa décision ultime de s’installer en Europe. Son histoire est une histoire personnelle avec laquelle on peut s’identifier. Elle a été façonnée par des événements historiques majeurs dont l’impact se fait encore sentir aujourd’hui, et qui offre aux lecteurs un aperçu de ces événements.

Également disponible en anglais en deux volumes, Persepolis et Persepolis 2.


Seeking Refuge

Irene N. Watts et Kathryn E. Shoemaker (ill.)

La couverture d’un roman illustré intitulé « Seeking Refuge », qui montre une jeune femme assise sur une valise.

Irene N. Watts, auteure de livres et de pièces pour enfants, et Kathryn E. Shoemaker, illustratrice de livres pour enfants, ont collaboré au livre Seeking Refuge, un roman illustré qui raconte l’histoire d’une jeune fille fuyant l’Allemagne nazie à bord d’un kindertransport, l’un des efforts déployés pour sauver des enfants juifs en les amenant en Grande‐Bretagne entre 1938 et 1940.

Séparée de sa famille, Marianne, une réfugiée juive allemande de 11 ans, arrive en Angleterre en 1938 et est déplacée de maison en maison, désirant ardemment la présence attentive et familière de sa mère. Bien qu’elle vive la douleur d’être loin de sa famille, et qu’elle soit incertaine de leur sort et de la possibilité de les revoir un jour, elle n’en reste pas moins forte tout au long de son attente et espère être réunie avec eux.

Ce titre est disponible en anglais seulement.


Et voilà : huit romans illustrés étonnants qui vous donneront envie de lire pendant un certain temps. Il existe beaucoup d’autres romans illustrés percutants qui traitent des droits de la personne, et beaucoup d’entre eux sont probablement disponibles dans votre bibliothèque ou librairie locale.

Citation suggérée

Citation suggérée : Stephen Carney. « Des réalités en images ». Musée canadien pour les droits de la personne. Publié le 14 février 2020. https://droitsdelapersonne.ca/histoire/des-realites-en-images