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Une conversation importante sur les droits de la personne

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Ce communiqué date de plus de deux ans

Ce communiqué date de plus de deux ans. Pour plus d’information, veuillez communiquer avec Amanda Gaudes de notre équipe des relations avec les médias.

Détails du communiqué

Le texte suivant a paru dans le Winnipeg Free Press le 1er novembre 2014.

Par Murray Sinclair et Stuart Murray

En 2008, le Musée canadien pour les droits de la personne a commencé les travaux en vue de son établissement en parcourant le pays pour écouter les gens et apprendre leurs histoires liées aux droits de la personne. Au cours de la même année, la Commission de vérité et de réconciliation (CVR) du Canada a commencé son travail d'écoute et d'apprentissage auprès de survivants et survivantes des pensionnats indiens et de leurs descendants et descendantes. Les puissantes histoires relatées au personnel du Musée et de la CVR étaient le reflet des différentes façons de comprendre les concepts de la justice et de l'égalité. Elles fournissent un fondement pour aborder les questions et les conversations difficiles entourant les droits de la personne et les droits des peuples autochtones.

Depuis que la CVR a commencé son travail, la conversation publique entourant les pensionnats et les effets dévastateurs de la colonisation a pris de l'ampleur. Les survivants et les survivantes ont parlé haut et fort pour dénoncer une société entachée de racisme et d'exclusion, et ceci a comme résultat que les Canadiens et les Canadiennes cherchent de nouvelles façons de s'écouter et de se comprendre. Il y a beaucoup d'inconnus, mais ce que nous savons, c'est que nous ne pouvons pas continuer comme par le passé et que la réconciliation prendra du temps. Après tout, les pensionnats indiens ont été en activité pendant plus de 100 ans au Canada, et ce n'est que récemment que les gens ont commencé à prêter une oreille attentive à ces questions.

En 2008, le gouvernement canadien a présenté des excuses officielles aux anciens élèves des pensionnats pour les mauvais traitements subis et pour l'existence des écoles elles‐mêmes, et s'est engagé à établir une " nouvelle relation ". En 2010, le premier événement national de la CVR a eu lieu à Winnipeg, ce qui a marqué le début d'une démarche de cinq ans pendant laquelle six autres événements nationaux ont été organisés. Ces rassemblements constituent des étapes importantes pour reconnaître publiquement les séquelles laissées par ces écoles sur les personnes autochtones, collectivement et individuellement, et pour en assumer la responsabilité. Le 12 novembre 2010, le Canada a ratifié la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, ce qui a renforcé le besoin qui existe au Canada de prendre les droits des peuples autochtones au sérieux.

Aujourd'hui, la reconnaissance appropriée des torts commis pendant la colonisation, y compris l'expérience des pensionnats, est de plus en plus formulée en termes de génocide. Le terme " génocide " a été conçu par le juriste Raphael Lemkin, qui a aussi mené avec succès l'initiative de faire reconnaître le génocide comme un crime dans le contexte du droit international. Les écrits de Lemkin établissaient clairement un lien entre le génocide et la colonisation. Parmi les événements du monde qu'il considérait comme des génocides, il y avait la colonisation de la Tasmanie et l'invasion de l'Amérique du Nord par les Espagnols. Son concept du génocide et des liens entre le génocide et la colonisation sont examinés en profondeur dans le Musée canadien pour les droits de la personne.

Beaucoup des expositions du Musée font parler les personnes qui ont une expérience directe des questions liées aux droits de la personne, et les expositions qui traitent des pensionnats au Canada ne font pas exception. Elles comprennent des témoignages recueillis pendant les événements de la CVR auprès de survivants et de survivantes des pensionnats, dont certains utilisent le mot génocide pour parler de leur expérience. Parallèlement à ces témoignages se trouvent des expositions qui décrivent la période qui a mené à l'établissement du système des pensionnats, les violations des droits de la personne des peuples autochtones, et les tentatives de nier, de minimiser ou de dissimuler les violations. Enfin, on aborde la lutte pour briser le silence par rapport à ces horreurs. Ces expositions soulignent les efforts continus de certains pour que ces violations soient reconnues comme un génocide.

Le droit de déclarer un acte en particulier comme criminel est réservé à des tribunaux dûment constitués. Par conséquent, ni le Musée, ni la CVR n'a l'autorité de déclarer que le traitement des élèves autochtones dans les pensionnats indiens au Canada constitue un acte de génocide. Toutefois, en s'appuyant sur les travaux publiés et non publiés de Lemkin, l'ensemble de la démarche de colonisation en Amérique du Nord depuis le premier contact, y compris le fait que des enfants autochtones ont été arrachés à leur famille et envoyés dans des pensionnats, semble avoir visé l'élimination des peuples autochtones de l'Amérique du Nord en tant que groupe racial distinct.

Nous devons prendre au sérieux la perspective selon laquelle la démarche de colonisation au Canada cadre avec la définition de génocide telle qu'elle est énoncée dans la Convention des Nations Unies. Dénoncer honnêtement et fortement les réalités du colonialisme au Canada est l'une de nos tâches les plus importantes en matière de droits de la personne. Cette conversation doit prendre la question du génocide bien au sérieux, et la conversation ne peut progresser que si elle comprend aussi de l'éducation et de la sensibilisation.

La CVR et le Musée sont l'un comme l'autre déterminés à prévoir des forums essentiels pour la divulgation des faits, l'éducation, la conversation et la réflexion. Nous avons chacun la responsabilité de participer à ces conversations dans le contexte de familles, d'écoles, de lieux de travail et dans la communauté en général.

L'honorable juge Murray Sinclair est le président de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada. Le rapport final de la commission est attendu en juin 2015. Stuart Murray est l'ancien président‐directeur général du Musée canadien pour les droits de la personne. Le plus récent des musées nationaux du Canada a ouvert les portes à Winnipeg le 20 septembre 2014.

Ce communiqué date de plus de deux ans

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