Semer une graine : un jardin communautaire au Musée

Par Matthew McRae
Publié : le 19 septembre 2017

Sept personnes, hommes et femmes, travaillent dans un jardin par une journée ensoleillée. Le jardin est circulaire et renferme bien peu de plantes. Autour du jardin, on voit des herbes hautes, des arbres, un sentier et un trottoir. Visibilité masquée.

Photo : MCDP, John Kozlowski

Détails de l'histoire

Ma conjointe et moi avons un petit jardin tout près de notre porte d’entrée. Je dois admettre que notre jardin n’est pas très impressionnant.

Nous n’avons planté que deux plants de tomates, du basilic, de l’origan et quelques fleurs, dans des pots. Cependant, je trouve qu’il y a quelque chose de magique dans le fait de préparer, de cuisiner et de manger la nourriture qu’on a produite soi‑même. Je ne suis pas le seul à avoir cette impression. Selon Statistique Canada, plus de la moitié des ménages canadiens (57 %) déclaraient, en 2013, avoir cultivé des fruits, des fines herbes, des légumes ou des fleurs pour leur consommation personnelle au cours des 12 derniers mois

Il n’y a pas que les jardins familiaux qui apparaissent partout au pays; les jardins communautaires sont aussi en plein essor au Canada. Un jardin communautaire est une parcelle de terrain urbain où un groupe de gens cultivent collectivement des plantes. Il y en a de toutes les formes et de toutes les tailles, que ce soit des jardins sur le toit ou des parcelles de terre sur la rue, et ce sont des gens de tous horizons qui les entretiennent.

Il est logique de faire un lien entre les jardins communautaires et les droits de la personne. L’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme stipule que toute personne a le droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien‐être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation. De nombreux jardins communautaires sont créés dans le but de réduire l’insécurité alimentaire et d’améliorer la santé, surtout dans les quartiers à faible revenu qui ont un accès limité à des produits frais. C’est pourquoi nous sommes très heureux de la présence du jardin communautaire qui a été planté du côté nord‐est du Musée cet été.

Ce fut un honneur pour le Musée de travailler avec le Council for Aboriginal Human Resources Development (CAHRD) pour créer ce jardin. Des jeunes du programme d’horticulture du CAHRD ont planté et entretenu diverses plantes, notamment du maïs, des courges et des herbes traditionnelles. De forme circulaire, le jardin est divisé en quatre sections, le tout rappelant une roue de médecine traditionnelle. 

Tout le monde peut prendre ce dont il a besoin dans le jardin. Le CAHRD apportera les produits qui n’auront pas été récoltés à sa cuisine commerciale, où les membres du centre les utiliseront pour préparer des repas nutritifs.

Chez les peuples autochtones du Canada, il est très important d’entretenir le lien avec la terre. Les articles 25 et 26 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) stipulent que les peuples autochtones ont le droit de conserver et de renforcer leurs liens spirituels et physiques avec leurs terres traditionnelles. Comme le Musée est érigé sur le territoire visé par le Traité no 1 et au cœur d’un territoire de grande importance pour le peuple métis, c’est une bonne chose que les membres de la communauté autochtone de Winnipeg participent à la création et à l’expansion du jardin.

Président du Conseil autochtone de Winnipeg et membre du conseil consultatif autochtone permanent du Musée, Damon Johnston a piloté la participation du CAHRD à la création du jardin communautaire du Musée. Il fait remarquer qu’en plus d’assurer un lien avec la terre, le jardin répond aussi au besoin d’améliorer la sécurité alimentaire des communautés autochtones :

« Une des grandes difficultés pour les communautés autochtones, c’est l’accès à une alimentation abordable, à des légumes ou des herbes dont la valeur nutritive contribue à améliorer la santé. Le jardin est en quelque sorte un projet pilote que l’on pourrait reprendre ailleurs, dans d’autres communautés des Premières Nations du Manitoba », explique‐t‐il.

Un jardin débordant de légumes par une journée ensoleillée. Deux personnes dans le jardin sont penchées sur les plantes. On voit des herbes hautes et des arbres autour du jardin, et de grands édifices en arrière-plan.

Le jardin à pleine maturité.

Photo : MCDP, Matthew McRae

Pour Damon Johnston, le jardin communautaire constitue aussi un petit pas vers l’amélioration des relations entre les Canadiens et Canadiennes autochtones et non autochtones. Il affirme que pour améliorer ces relations, le meilleur moyen, c’est de « créer des véritables liens, se rassembler dans des lieux sains pour pouvoir vraiment apprendre à se connaître et à s’apprécier les uns les autres ».

En créant un jardin communautaire, le Musée a semé des graines qui, nous l’espérons, continueront à croître et à se multiplier au cours des prochaines années, produisant des récoltes concrètes et apportant des bienfaits immatériels.

Je passe par le jardin tous les matins en me rendant au travail et ça me fait toujours plaisir. C’est un petit jardin, mais j’ai bon espoir qu’il continuera à croître dans les prochaines années.

Citation suggérée

Citation suggérée : Matthew McRae. « Semer une graine : un jardin communautaire au Musée ». Musée canadien pour les droits de la personne. Publié le 19 septembre 2017. https://droitsdelapersonne.ca/histoire/semer-une-graine-un-jardin-communautaire-au-musee