Je suis interprète de programme au Musée et une partie de mon travail consiste à faire faire des visites guidées. Lors de la Journée internationale des femmes, j’ai raconté l’histoire des Célèbres cinq – Nellie McClung, Henrietta Edwards, Louise McKinney, Emily Murphy and Irene Palby – devant l’alcôve « Nous sommes toutes des personnes » de la galerie Les parcours canadiens. Ce jour‐là, ma visite portait exclusivement sur l’histoire de femmes qui œuvrent à faire progresser les droits de la personne.
En 1927, les Célèbres cinq ont demandé à la Cour suprême de statuer à savoir si le terme « personnes » englobait les femmes. À cette époque, une femme avait déjà été élue à la Chambre des communes, mais le Sénat était toujours fermé aux femmes en raison de l’interprétation que faisait le gouvernement canadien du terme « personnes », en vertu de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique. La Cour suprême a rendu une décision unanime contre les femmes. Sans se laisser décourager, les Célèbres cinq ont interjeté appel auprès du Conseil privé d’Angleterre, qui était à l’époque la plus haute autorité au pays. En 1929, les Célèbres cinq ont remporté une victoire capitale. En effet, le Conseil privé a déclaré que les femmes canadiennes étaient des « personnes » et pouvaient, par conséquent, être membres du Sénat du Canada. Ces femmes sont cinq visages de la lutte pour l’égalité entre les sexes au Canada.
En poursuivant la visite dans les galeries du Musée, nous nous sommes arrêtés au Jardin de contemplation Stuart Clark pour profiter de l’environnement – la lumière naturelle pénétrant par le nuage de verre, le basalte sur le sol et autour des étangs, et l’eau calme. L’eau nous rappelle le rôle fondamental que jouent les femmes dans les sociétés autochtones en tant que gardiennes de l’eau. Dans de nombreuses communautés autochtones, l’eau revêt un caractère maternel : les femmes sont celles qui portent l’eau et donnent la vie. L’eau est aussi un élément vital de la Terre‐mère, assurant la vie à tout être vivant.
Dans la galerie Chaque geste compte, nous nous sommes arrêtés à l’exposition Ce qui nous voile. Dans une tentative pour briser les stéréotypes, l’activiste québécoise Andréanne Paquet a créé cette exposition de photographies où l’on voit des musulmanes de sa province qui racontent pourquoi elles ont choisi de porter le voile. Dans une entrevue vidéo, une des participantes au projet photographique, Dalila Awada, parle d’une expérience marquante qu’elle a vécue avec un étranger. Une personne transgenre l’a approchée à l’exposition et lui a dit qu’il ne comprenait pas exactement son expérience de femme musulmane, mais qu’il comprenait bien la discrimination. Il savait ce que c’était que d’être jugé, exclu, et c’est cette compréhension commune qui l’a poussé à se rallier à Awada contre la discrimination. Cette exposition me donne l’occasion de demander aux gens de réfléchir à leur propre identité, de se demander : « Comment ai‐je été touché par la discrimination? Par les stéréotypes? Par l’exclusion? À quelle occasion ai‐je eu un sentiment d’infériorité?
La lutte pour l’égalité homme‐femme au Canada n’est pas terminée. Les femmes qui ont pris position contre l’injustice peuvent inspirer chacun et chacune d’entre nous. Nous pouvons tirer des leçons de leur histoire et marcher à leurs côtés sur la route qui mène à l’égalité homme‐femme.
Auteure
Chloe Rew a travaillé au Musée en tant qu’interprète de programme et assistante de recherche.