Armin Wegner : témoin du génocide arménien

Un infirmier allemand courageux risque sa vie pour dénoncer le génocide


Publié : le 2 février 2018

" " Visibilité masquée.

Photo: Deutsches Literaturarchiv Marbach

Détails de l'histoire

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, le pacifiste Armin T. Wegner s’enrôle dans l’armée allemande comme infirmier. En avril 1915, son unité médicale est déployée au Moyen‐Orient.

Bientôt, il commence à entendre des rumeurs de la persécution du peuple arménien qui vit dans la région. Au péril de sa vie, il défie des ordres militaires et se met à enquêter et à documenter les atrocités en prenant des photographies.

Un homme blanc en uniforme militaire avec une croix noire au bord du col porte un keffieh, une pièce en coton blanc portée au Moyen-Orient.

Armin T. Wegner à Baghdad en 1916.

Photo : Deutsches Literaturarchiv Marbach

Je ne tuerai jamais un être humain, peu importe où je me trouve sur la terre! Je ne tournerai jamais un canon ou un fusil vers mes frères étrangers. Ainsi Dieu me soit en aide!

Armin T. Wegner

Video : Agir selon sa conscience: Armin T. Wegner et le génocide arménien

Prendre position

Pourquoi Armin T. Wegner a‑t‐il choisi de documenter le génocide contre le peuple arménien, au péril de sa vie?

Le gouvernement de l’empire ottoman, responsable de la violence contre le peuple arménien, est un allié de l’Allemagne pendant la Première Guerre mondiale.

Il est strictement interdit pour Wegner, alors infirmier dans l’armée allemande, de dénoncer les actions de l’empire. Mais par ses photographies et ses écrits, il témoigne de scènes de destruction et de désespoir. Il choisit de ne pas être un simple spectateur. Il prend plutôt position contre les violations et devient un défenseur des droits de la personne.

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Photo: Library of Congress, Prints & Photographs Division, LC‐ USZ62‐48100

Ma propre conscience m’appelle à être témoin.

Armin T. Wegner

Dans les années qui suivent la guerre, Wegner explique qu’il s’est senti poussé par sa conscience à faire connaître la vérité sur ce qui se passait, dans le but de mettre fin à la souffrance du peuple arménien et de faire en sorte que les atrocités ne soient pas oubliées. Il a pris des centaines de photos des camps de déportation, où des Arméniens et des Arméniennes sont emprisonnés.

Des preuves partagées en secret

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Photo: Deutsches Literaturarchiv Marbach

Par l’entremise d’une série d’itinéraires sûrs et de relations diplomatiques, il réussit à faire passer secrètement une partie de sa documentation à des sources américaines et allemandes. Cependant, en 1916, une de ses lettres est interceptée. En punition, il est envoyé dans un service où on traite les cas de choléra et devient très malade. À la fin de 1916, il est rappelé en Allemagne. À son retour, il fait passer clandestinement des photographies qu’il a prises des mauvais traitements subis par les Arméniens et les Arméniennes.

Photo: Deutsches Literaturarchiv Marbach
" " Visibilité masquée.

Avec l’ardeur d’une personne qui a vu des souffrances inimaginables et les a éprouvées dans son propre cœur, je parle au nom de ceux et celles dont je pouvais entendre les cris désespérés sans pouvoir les calmer…

Armin T. Wegner

Photo: CMHR/Deutsches Literaturarchiv Marbach

Toute une vie de lutte contre les injustices

Après la Première Guerre mondiale, Wegner peut enfin publier de l’information sur le génocide arménien. Au cours des années 1920, il donne des conférences sur ce qu’il a vu.

Quand les nazis prennent le pouvoir en 1933, Wegner se sent à nouveau obligé de dénoncer les injustices. Malgré le fait que les nazis répriment sévèrement toute dissension, Wegner écrit une lettre au chef nazi Adolf Hitler, l’implorant de mettre fin à la discrimination contre les personnes juives. Ce geste mène à l’arrestation de Wegner, qui est ensuite interrogé, puis emprisonné. Il s’enfuit plus tard de l’Allemagne.

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Wegner during his imprisonment, 1933.

Photo: Deutsches Literaturarchiv Marbach
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Soulier d’enfant arménien trouvé en 1915 par le témoin allemand Armin T. Wegner en Anatolie, près du sentier que suivaient les personnes arméniennes déportées. Le soulier est photographié sur la main de la fille de Wegner, Sibyl Stevens, en Angleterre. Elle a offert le soulier à Wegner Gesellschaft, à Wuppertal (Allemagne), la ville natale de Wegner, où le soulier est conservé dans le musée Armin T. Wegner Zimmer dans la bibliothèque municipale. 

Photo : Ulrich Klan, 2004

Toute sa vie, Wegner porte le lourd fardeau d’avoir été témoin du génocide arménien. En 1915, il découvre un petit soulier d’enfant le long du sentier utilisé pour forcer les Arméniens et les Arméniennes à marcher vers l’exil. Il garde ce soulier partout où il va.

Soulier d’enfant arménien trouvé en 1915 par le témoin allemand Armin T. Wegner en Anatolie, près du sentier que suivaient les personnes arméniennes déportées. Le soulier est photographié sur la main de la fille de Wegner, Sibyl Stevens, en Angleterre. Elle a offert le soulier à Wegner Gesellschaft, à Wuppertal (Allemagne), la ville natale de Wegner, où le soulier est conservé dans le musée Armin T. Wegner Zimmer dans la bibliothèque municipale. 

Photo : Ulrich Klan, 2004

Bien que ses efforts de documentation du génocide arménien soient passés inaperçus pendant de nombreuses années, Wegner est maintenant reconnu comme l’un des chroniqueurs les plus importants des souffrances subies par le peuple arménien.

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Wegner visits the monument to the Armenian Genocide, Yerevan, 1968.

Photo: Deutsches Literaturarchiv Marbach

Citation suggérée

Citation suggérée : « Armin Wegner : témoin du génocide arménien ». Musée canadien pour les droits de la personne. Publié le 2 février 2018. https://droitsdelapersonne.ca/histoire/armin-wegner-temoin-du-genocide-armenien

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