Le Canada, l’antisémitisme et l’Holocauste

Les frontières du Canada fermées aux victimes juives tentant de fuir la persécution nazie.

Par Jeremy Maron
Publié : le 5 novembre 2021

Photo noir et blanc de trois écriteaux fixés sur un poteau, où l’on peut lire en anglais « Chrétiens seulement », « Interdit aux Juifs » et « Danger ». Visibilité masquée.

Archives juives canadiennes Alex Dworkin, fichier no PC 01-03-074A

Détails de l'histoire

Sous le régime d’Adolf Hitler dans les années 1930, la persécution anti‐juive s’intensifie dans l’Allemagne nazie et ailleurs dans le monde. De nombreuses personnes parmi la population juive tentent désespérément de fuir. Pourtant, et même si l’ambition des nazis d’éradiquer le peuple juif ne fait plus de doute, très peu de pays leur ouvrent leurs frontières. Le Canada est l’une des nombreuses nations qui refusent d’accueillir les personnes d’origine juive qui tentent de fuir l’oppression antisémite qui culminera avec l’Holocauste.

Au Canada dans les années 1930, certaines personnes cherchent des boucs émissaires à blâmer pour les difficultés sociales et économiques qu’entraîne la Grande Dépression. Résultat : l’intolérance et la suspicion à l’endroit des groupes minoritaires, dont la population juive, s’intensifient. Malgré la détérioration des conditions de vie des personnes d’origine juive dans l’Europe nazie, les sentiments antisémites – voire le soutien aux nazis – sont largement et ouvertement encouragés au Canada. Ces sentiments atteignent une telle ampleur que les personnes juives sont victimes de discrimination et sont exclues de certains pans de la société canadienne.

Un homme portant un uniforme orné d’une croix gammée parle au microphone sous les yeux d’un groupe d’hommes portant un uniforme semblable.

En 1934, Adrien Arcand fonde au Québec le Parti national social chrétien, un parti fasciste. Admirateur d’Adolf Hitler, il écrit et diffuse des textes antisémites dans le cadre de sa stratégie politique visant à établir un État fasciste au Canada. Sur cette image, on voit Arcand – portant un uniforme orné d’une croix gammée – qui s’adresse à des partisans.

Photo : Archives juives canadiennes Alex Dworkin, fichier no PC PC1-3-77M-1
Deux personnes en skis devant une synagogue où plusieurs croix gammées ont été peintes, Sainte-Marguerite, Québec, 1938.

Deux personnes en skis devant une synagogue où des croix gammées ont été peintes, Sainte‐Marguerite, Québec, 1938.

Photo : Archives juives canadiennes Alex Dworkin, fichier no PC 01-03-074F

Sans surprise, un sentiment anti‐juif habite aussi un grand nombre de leaders politiques du Canada. En raison de points de vue et de stéréotypes antisémites, le Canada limite grandement le nombre de personnes d’origine juive autorisées à se réfugier au Canada. Cela a des conséquences fatidiques pour celles qui habitent l’Europe nazie et espèrent fuir la persécution de plus en plus violente.

Portrait officiel d’un homme aux cheveux blancs portant des lunettes et un costume trois pièces.

Frederick Charles Blair, photographié ici en 1932, dirige la Direction de l’immigration du Canada avant et pendant l’Holocauste, sous le gouvernement de William Lyon Mackenzie King. Il élabore et applique des politiques d’immigration antisémites et restrictives conçues pour empêcher les personnes d’origine juive de se réfugier au Canada.

Photo : Bibliothèque et Archives Canada, PA-801968, photographie de J. J. Hisgrove

Malgré les efforts désespérés déployés au sein et hors de la communauté juive du Canada, le pays n’admet qu’un petit nombre des personnes d’origine juive qui cherchent à fuir l’oppression nazie. De 1933 à 1948, le Canada autorise moins de 5 000 personnes d’origine juive à se réfugier sur son territoire, soit le plus petit nombre parmi toutes les nations alliées.

Un homme vêtu d’un complet pose avec deux enfants contre la rambarde d’un navire.

Le Canada est l’un des pays qui refusent l’entrée sur son territoire aux passagers du MS Saint Louis, un navire transportant plus de 900 réfugié·e·s d’origine juive tentant d’échapper aux nazis. Plus du quart de ces personnes sont ensuite victimes de l’Holocauste. On aperçoit ici Siegfried Chraplewski avec ses deux fils sur le pont du Saint Louis en mai 1939.

Photo : USHMM, photo 59952, gracieuseté de Peter Chraplewski

Au cours des années et des décennies qui suivent la guerre, bon nombre de survivant·e·s de l’Holocauste viennent au Canada pour s’y établir. Mais auparavant, le refus du pays d’accueillir sur son territoire les personnes d’origine juive menacées par le régime nazi contribue à la mort de beaucoup de personnes n’ayant pas réussi à s’échapper.

Ce film explore l’antisémitisme qui régnait au Canada à l’époque de l’Holocauste et nous incite à réfléchir à notre responsabilité collective dans les cas où des gens sont victimes de violations des droits de la personne, où que ce soit dans le monde.

Video : Le Canada, l’antisémitisme et l’Holocauste

Questions de réflexion :

  • Comment reconnaître le fanatisme et l’intolérance provoqués par une crise économique et y résister?

  • En quoi l’antisémitisme est‐il toujours présent au sein de la société canadienne?

  • Comment certains groupes sont‐ils stéréotypés, insultés ou injustement blâmés pour ce qui se passe dans ma communauté?

Citation suggérée

Citation suggérée : Jeremy Maron. « Le Canada, l’antisémitisme et l’Holocauste ». Musée canadien pour les droits de la personne. Publié le 5 novembre 2021. https://droitsdelapersonne.ca/histoire/le-canada-lantisemitisme-et-lholocauste