Nous sommes Roms

Nous ne sommes ni déguisement d’Halloween, ni
« fausses » personnes réfugiées

Par Gina Csanyi-Robah avec Shayna Plaut, Ph. D.
Publié : le 7 avril 2025

Une peinture du drapeau rom, bleu en haut, vert en bas, avec au centre un chakra rouge qui ressemble à une roue de wagon. Visibilité masquée.

Détails de l'histoire

La plupart des gens au Canada connaissent les Roms comme des personnes « tsiganes » ou « gitanes », des vagabonds mythiques, des esprits libres et voyageurs qui fuient le travail et l’éducation. Mais pour des millions de Roms dans le monde, la discrimination, l’exclusion et la persécution de leurs communautés et de leur culture sont tout sauf un mythe. C’est également le cas au Canada, où les Roms luttent pour la reconnaissance, l’intégration et les droits de la personne. Voici l’histoire de notre militantisme contre l’injustice, le racisme et la discrimination.

Nos communautés en Europe sont victimes de discrimination anti‐Roms et de violence à caractère racial depuis des siècles, ce qui a conduit des milliers de Roms de ce continent à demander l’asile au Canada en tant que personnes réfugiées. En 1956, lors de la révolution hongroise[1], ma famille en faisait partie.

Mes grands‐parents maternels sont arrivés par bateau au quai 21 de Halifax, en Nouvelle‐Écosse. Ils appartenaient à la minorité rom nommée Cigany, qui signifie « tsigane » en hongrois[2]. Ils ont survécu à l’Holocauste – également connu sous le nom de Porajmos (« la dévoration ») – au cours duquel au moins 500 000 Roms et Sintis[3] ont été assassinés par les nazis et leurs collaborateurs[4].

Les politiques génocidaires à l’encontre des Roms d’Europe remontent à plusieurs siècles. En 1758, la reine Thérèse de Hongrie a décidé que la solution au « problème tsigane » était l’assimilation forcée à la culture ethnique hongroise (magyare)[5]. Il était interdit aux Roms de porter des vêtements traditionnels, de parler leur propre langue et de posséder des chevaux ou des chariots. En outre, les enfants roms ont été retirés de force à leurs familles et placés dans des foyers ethniques hongrois. L’objectif était de créer une « nouvelle population magyare », à la peau extérieurement foncée, mais dont l’identité et la culture roms avaient été effacées. Ces violations des droits de la personne ont entraîné de profonds traumatismes intergénérationnels.

Ce traumatisme intergénérationnel s’est poursuivi au Canada. Mes grands‐parents maternels ont perdu la garde de leurs six enfants lorsque les autorités ont décidé de « sauver » les enfants de la maison de mes grands‐parents, une maison qui n’était pas conforme à la norme anglo‐canadienne de l’époque. Il ne fait aucun doute que les stéréotypes négatifs sur les « Tsiganes » ont joué un rôle important dans cette décision. Après avoir été enlevés à leur famille à un jeune âge, ma mère et ses frères et sœurs ont perdu une grande partie de leur identité et ont été coupés des riches traditions de leurs parents roms.

Qui sont les Roms?

Peinture colorée représentant au premier plan trois femmes aux cheveux noirs. À l’arrière-plan, un portrait encadré d’une mère portant un enfant et le dos d’une femme portant un foulard qui sort de la scène par une ouverture.

L’art est un puissant outil de sensibilisation. Des artistes comme Ildiko Nova, originaire de Hongrie, dont une œuvre est montrée ici, contribuent en permanence à la célébration de la culture rom canadienne.

[6]

Œuvre d’art : Ildiko Nova

Les Roms sont un groupe ethnique composé de millions de personnes dans le monde qui ont en commun des ancêtres, une langue et une culture. Nous sommes la plus grande minorité ethnique d’Europe, où, selon les Nations Unies, vivent au moins 10 à 12 millions de Roms. Notre communauté est incroyablement diversifiée, avec des teintes de peau et des traditions variées, souvent influencées par les religions, les langues et les coutumes des pays où nous vivons depuis des siècles. Mais malgré la diversité de nos cultures, la discrimination à laquelle nous faisons face en Europe est assez universelle et ne cesse de croître[7].

Dans les pays anglophones, les Roms sont souvent appelés « Gypsies ». Ce terme provient de la croyance erronée selon laquelle nous sommes venus d’Égypte lors de notre arrivée en Europe. En réalité, nos origines remontent au nord de l’Inde et nous avons migré à travers l’Iran, l’Afghanistan et la Turquie, avant d’arriver en Grèce. Au 13e siècle, les Roms vivaient dans toute l’Europe.

Les estimations démographiques ne sont pas évidentes, car de nombreuses personnes roms du Canada multiculturel choisissent de cacher leur appartenance ethnique. Cela dit, une étude récente que j’ai codirigée et coécrite avec l’université de Harvard montre qu’au Canada, notre communauté compte aujourd’hui plus de 100 000 personnes. La plus forte concentration se trouve à Toronto et à Hamilton, en Ontario[8]. Nous venons de toute l’Europe, mais la plupart sont d’origine tchèque, slovaque et hongroise, et beaucoup, comme moi, sont de la deuxième ou de la troisième génération.

Mon voyage de découverte

Mon père est arrivé au Canada à la même époque que mes grands‐parents maternels. Cependant, ils appartenaient à la majorité blanche hongroise (magyar). En grandissant, même si je ne comprenais pas tout à fait, j’étais très consciente des profondes divisions entre les Roms hongrois et les non‐Roms hongrois. Mon père m’a dit de « cacher mon identité tsigane parce que c’était une gêne et que les gens me traiteraient mal ». Les « personnes qui me traiteraient mal » étaient ses amis hongrois qui possédaient les restaurants de notre quartier de Toronto.

J’ai grandi en subissant cette discrimination et en intériorisant beaucoup de honte. Il était difficile de lutter contre les stéréotypes tsiganes négatifs parce qu’il m’était pratiquement impossible de voir mon appartenance ethnique représentée de manière positive. Je me souviens que ma tante jouait la célèbre chanson de Sonny et Cher, « Gypsies, Tramps, and Thieves » (Gitans, clochards et voleurs). C’est ainsi que j’ai réalisé pour la première fois que nous étions perçus comme des personnes criminelles. Mais ce n’est pas tout : à l’occasion de l’Halloween, les enfants portaient des déguisements tsiganes à l’école. Cela me troublait. Premièrement, nous ne nous habillons pas comme ça et deuxièmement, si les gens ne nous aiment pas, pourquoi font‐ils semblant d’être cette version fantaisiste de nous pendant une journée? 

Lorsque j’étais adolescente, ma grand‐mère m’a raconté que sa sœur aînée avait été emmenée dans un camp de concentration pendant l’Holocauste. Elle y avait subi d’horribles expériences médicales sur ses organes reproducteurs. J’ai été profondément troublée et je me suis sentie trahie. Je connaissais l’existence de l’Holocauste, mais l’école ne m’avait jamais enseigné la persécution et le génocide des Roms à cette époque. Il était difficile d’apprendre que des gens nous haïssaient à ce point.

Quelques années plus tard, alors que j’étais en 12e année, je suis allée avec une amie voir un nouveau film d’horreur de Stephen King. J’en suis ressortie embarrassée et mortifiée. Le personnage principal de Thinner perdait rapidement du poids à cause d’une « malédiction tsigane » que lui avait jetée une vieille femme effrayante aux allures de sorcière. Ce film populaire, réalisé par quelqu’un de célèbre, a renforcé ma honte d’être une « tsigane ». J’avais un sentiment de désespoir – nous serions toujours un mythe, pas un peuple.

Ce n’est que lorsque Internet est devenu accessible à la fin des années 1990 que j’ai commencé mon voyage de (re)découverte et que j’ai pu en apprendre davantage sur l’histoire, la culture et les expériences des Roms pour la première fois. C’est également à ce moment‐là que j’ai pu rétablir les liens entre ma mère et la culture et l’histoire qui lui avaient été arrachées.

Les Roms au Canada

Dans les années 1990, des milliers de personnes réfugiées roms fuyant la discrimination et la violence raciale en Europe ont demandé l’asile au Canada, où elles ont également fait face au racisme. Par exemple, en 1997, un petit groupe de néonazis s’est rassemblé devant un hôtel de Scarborough, en Ontario, où étaient logés des personnes réfugiées et des personnes demandant l’asile. Ces néonazis portaient des pancartes avec des messages anti‐Roms tels que « Klaxonnez si vous détestez les Romanichels » et criaient des slogans tels que « Les Romanichels dehors! ». En même temps, le gouvernement canadien, et même un membre du conseil municipal de Toronto, cherchait des moyens de décourager les personnes roms demandant l’asile d’exercer leur droit à la sécurité au Canada. 

En réponse à ce racisme manifeste, les personnes ayant fondé le mouvement de défense des droits civiques des Roms au Canada ont créé deux organisations sans but lucratif. En 1996, Julia Lovell a fondé la Western Canada Romani Alliance, la première organisation rom au Canada. En 1998, Ronald Lee et Amdi Asonoski ont cofondé le Toronto Roma Community and Advocacy Centre (RCAC)[9]. Outre l’enseignement et la transmission de la culture rom et la création d’un espace communautaire, les deux organisations s’efforçaient de soutenir les personnes réfugiées roms et de veiller à ce qu’elles bénéficient du droit à la protection, garanti par le droit international.

Un homme vêtu d’une chemise à carreaux et d’une veste joue d’un grand instrument à cordes, avec en arrière-plan des bibliothèques remplies de livres.

Jusqu’à son décès en 2022, Ronald Lee, Ph. D., a consacré plus de 60 ans de sa vie à lutter pour la reconnaissance et les droits de la personne de la communauté rom. Journaliste, musicien, universitaire, enseignant et militant, il a enseigné le premier cours au Canada consacré à l’histoire, à la langue et à la culture rom à l’Université de Toronto de 2003 à 2008. En 2014, il a méticuleusement documenté l’histoire de la communauté rom dans « The Roma Civil Rights Movement in Canada and the USA ».

Photo : Chad Evans Wyatt

En 1999, le RCAC a organisé sa première manifestation pour protester contre la décision de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada d’utiliser les conclusions d’affaires antérieures, de « cas types », comme mesure d’évaluation de toutes les demandes présentées par des personnes réfugiées roms de Hongrie, au lieu d’évaluer chaque cas sur la base de ses propres mérites. Les cas types n’avaient jamais été utilisés auparavant ou n’ont jamais été utilisés depuis. Les résultats étaient effarants. En 1998, plus de 70 % des demandes des Roms de Hongrie étaient acceptées. En 2000, seules 30 % d’entre elles étaient acceptées. À l’époque, l’avocat spécialisé dans les questions d’immigration, Rocco Galati, avait déclaré que ce parti pris institutionnel visait « le groupe racial le plus marginalisé, le moins représenté et le plus aliéné »[10].

Malgré une présence historique de longue date au Canada, l’existence des Roms du Canada, leur histoire, leur culture et leurs contributions, ainsi que la diversité et les nuances contextuelles et culturelles qui constituent l’identité collective des Roms, restent largement méconnues de la société canadienne.

Ronald Lee

Mon militantisme

En 2001, j’ai vu un documentaire de l’Office national du film du Canada qui a changé ma vie. Il s’agissait de Opre Roma : Tsiganes au Canada[11], réalisé par Julia Lovell. C’est à ce moment‐là que le Ronald Lee m’a incitée à devenir une militante pour les droits des Roms. Après avoir obtenu mon diplôme de premier cycle à l’Université de Toronto, j’ai passé un certain temps en Europe pour acquérir des connaissances sur les lois relatives aux droits de la personne et sur le militantisme en faveur des droits des Roms. À mon retour au Canada, je me suis jointe au conseil d’administration du centre communautaire rom de Toronto en 2007, puis j’en suis devenue la directrice générale en 2011[12]. En 2014, après avoir déménagé de Toronto à Vancouver, j’ai eu l’honneur de cofonder (avec mes mentors, Julia et Lache) la Canadian Romani Alliance, une organisation cadre dirigée par des Roms qui a pour mission de défendre les intérêts des Roms, d’éduquer le public et de renforcer les capacités des communautés dans tout le Canada en rassemblant des organisations et leaders roms du pays.

Une affiche représente un dessin coloré et fantaisiste de personnes profitant d’activités culturelles. En haut de l’affiche, on peut lire en anglais « Journée internationale annuelle des Roms; célébration du Centre communautaire rom de Toronto ». L’affiche indique la date du 8 avril 2011.

Une affiche annonçant la Journée internationale annuelle des Roms à Toronto en 2011.

Affiche fournie par Gina Csanyi-Robah, œuvre d’art d’Anna Oros

Parfois, cela nécessite de s’attaquer au racisme manifeste, comme lorsque nous avons tenté de poursuivre en justice le commentateur de Sun News TV, Ezra Levant, pour les remarques racistes qu’il a faites sur les Roms en 2012. Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision a estimé que sa diatribe haineuse avait enfreint les normes déontologiques[13]. D’autres fois, il s’agit de bouleverser les idées que les gens se font des « Tsiganes ». Notre militantisme, souvent par le biais de l’éducation et de l’art, vise à faire prendre conscience aux gens que les Roms sont un peuple avec une histoire, une culture et une langue – et non un mythe ou un costume d’Halloween.

Une femme tenant un microphone relié à un porte-voix lors d’une manifestation dans une rue de ville.

Gina Csanyi‐Robah protestant contre les propos haineux d’Ezra Levant contre les Roms.

Photo fournie par Gina Csanyi-Robah

Corriger le passé et regarder vers l’avenir

Une grande partie de notre militantisme et de notre plaidoyer en faveur des Roms du Canada a porté sur la reconnaissance et l’inclusion dans l’enseignement, les récits et les commémorations de l’Holocauste. En tant que petite‐fille de personnes ayant survécu à l’Holocauste, ce point est particulièrement important pour moi. Jusqu’à récemment, l’horreur et le traumatisme intergénérationnel dont notre communauté est porteuse étaient pratiquement invisibles[14]. Ronald Lee a été un fervent militant de cette reconnaissance, et Dafina Savic, fondatrice de Romanipe, et bien d’autres poursuivent ce travail. La lutte pour obtenir une place à la table a finalement abouti en 2014, lorsque j’ai été invitée à siéger à l’International Holocaust Remembrance Alliance en tant que déléguée du Canada.

En 2019, après des années d’éducation publique et de plaidoyer politique par les militante·e·s roms du Canada, en particulier Dafina Savic, et des groupes alliés tels que le Musée de l’Holocauste de Montréal, le Canada est devenu le sixième pays à reconnaître officiellement le génocide des Roms pendant l’Holocauste[15].

Une nouvelle bataille : les « fausses personnes réfugiées »

En plus de veiller à ce que notre persécution historique soit fidèlement reflétée, nous avons également lutté contre la discrimination et l’injustice persistantes contre les Roms. Depuis des décennies, une grande partie de notre action vise à permettre aux personnes roms demandant l’asile de bénéficier d’une audience et d’un traitement équitables au Canada. 

Un grand groupe de personnes se tient ensemble en plein air, la nuit. Beaucoup tiennent des bougies.

Le centre communautaire rom de Toronto a organisé une commémoration et un allumage de bougies pour se souvenir des Roms de Hongrie victimes de crimes haineux et protester contre les sentiments anti‐Roms.

Photo : Kristyna Balaban

À partir de 2008, des milliers de familles roms d’Europe centrale, principalement de République tchèque et de Hongrie, ont demandé l’asile au Canada, fuyant une vague d’attaques violentes perpétrées par des groupes suprémacistes blancs et néonazis (dont certains ont été intégrés au gouvernement hongrois). Ces extrémistes ont terrorisé les communautés roms en toute impunité, tandis que les forces de l’ordre locales refusaient de tenir les agresseurs pour responsables. En Hongrie, une série de meurtres à caractère raciste a fait six victimes et de nombreuses personnes blessées parmi les Roms[16].

Dans de nombreux cas, les gouvernements de l’Union européenne n’ont pas protégé les victimes, bien que la persécution soit reconnue en vertu du droit international, européen et national. Cette absence de protection constituait un motif pour demander le statut de personne réfugiée. Cependant, au Canada, ces personnes ont fait face à une nouvelle menace. Bien que des groupes tels qu’Amnistie Internationale[17] aient largement documenté les violations persistantes des droits de la personne à l’encontre des Roms, le ministre canadien de l’immigration à l’époque a qualifié les personnes demandant l’asile originaires de pays européens de « fausses personnes réfugiées »[18]. Cette position du gouvernement s’inscrivait dans le cadre du vieux stéréotype raciste selon lequel « les Tsiganes sont des escrocs ». Son point de vue a eu un impact dévastateur sur la communauté. En 2008, 80 % des demandes d’asile des Roms étaient acceptées, mais à la suite de l’étiquette de « fausses personnes réfugiées », le taux a chuté à zéro et y est resté pendant des mois avant d’augmenter à nouveau, sans toutefois dépasser 20 %[19].

Une nouvelle législation, le projet de loi C‑31, a été introduite en 2012, qui a entravé la capacité des personnes roms demandant l’asile à obtenir gain de cause. Plus important encore, le projet de loi C‑31 a créé le système des pays d’origine désignés (POD), qui désigne la plupart des pays européens comme étant « sûrs »[20]. Les personnes demandant l’asile originaires de ces pays disposaient de beaucoup moins de temps pour présenter leur dossier et n’avaient qu’un accès limité aux recours. Pour les personnes réfugiées roms, cela ne tenait pas compte de la réalité de l’escalade des crimes de haine et de la discrimination systémique en Europe centrale et orientale. Avec le soutien de nos personnes alliées et la solidarité des membres de la communauté juive, de la communauté d’aide aux personnes réfugiées et de personnel infirmier et médical ayant une conscience sociale, nous avons entamé une campagne sans relâche pour dénoncer les dangers de cette politique.

En mai 2012, j’ai témoigné devant des commissions parlementaires. J’ai fait de mon mieux pour convaincre ces personnes élues que le projet de loi C‑31 était discriminatoire à l’égard des personnes réfugiées roms et qu’il aurait des conséquences terribles. Malheureusement, la loi a quand même été adoptée. La liste des POD est restée en vigueur jusqu’en 2019 et continue d’avoir des effets à ce jour[21].

Les difficultés rencontrées par les personnes réfugiées roms au Canada ont été exacerbées par la conduite négligente de trois avocat·e·s d’Ontario. Les demandes étaient mal préparées, des preuves ont été perdues et, dans certains cas, personne ne s’est pas présenté aux audiences du tribunal pour défendre les personnes réfugiées. En conséquence, la quasi‐totalité des 985 personnes roms hongroises demandant l’asile qui faisaient partie de la clientèle de ces juristes ont perdu leur procès et ont été expulsées du Canada. Les trois personnes en question ont finalement fait l’objet d’audiences disciplinaires et l’une d’elles a été radiée du barreau[22].

La coalition « Redress for Roma Refugees » a cherché à obtenir justice pour la manière dont les personnes roms demandant l’asile ont été injustement traitées par le gouvernement et certains membres de la profession juridique. Nous étions un groupe composé de juristes, de personnes militantes, d’universitaires et de leaders religieux et communautaires[23]. Mon cœur est rempli de gratitude pour l’incroyable dévouement dont ont fait preuve les bénévoles de cette coalition. 

Le travail que nous avons accompli ensemble reflète les valeurs avec lesquelles j’ai été élevée en tant que Canadienne : la reconnaissance du droit de chaque personne à vivre dans la sécurité et la dignité, à l’abri de la discrimination et de la persécution.

Questions de réflexion

  • Pouvez‐vous imaginer faire partie d’une ethnie et d’une culture que la plupart des gens considèrent comme fictives?

  • Quelle est la différence entre la migration forcée et le nomadisme?

  • Comment les stéréotypes contribuent‐ils à la discrimination?

Auteures

Gina Csanyi‐Robah (elle) est une militante canadienne des droits des personnes tsiganes et roms depuis 2004. Ancienne directrice générale du centre communautaire rom de Toronto (2010–2013), elle est actuellement directrice générale de la Canadian Romani Alliance (2014–2025), qu’elle a cofondée à Vancouver. Outre ses activités militantes, Gina est enseignante au secondaire et fière maman de deux beaux enfants, Yasin et Eva. Ensemble, la famille vit, apprend, joue et travaille sur les terres ancestrales non cédées et volées des peuples salish de la côte – les nations sḵwx̱wú 7mesh (Squamish), sel̓íl̓witulh (Tsleil‐Waututh) et xʷməθkʷəy̓əm (Musqueam).

Shayna Plaut, Ph. D. (elle) est directrice de la recherche et de la conception des expositions au Musée canadien pour les droits de la personne. Le travail de Shayna se situe à l’intersection du monde universitaire, du journalisme et de la défense des droits, avec un intérêt particulier pour les personnes qui ne cadrent pas bien avec la compréhension traditionnelle de l’État-nation. Shayna a été consultante pour le Haut‐Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, Amnesty International et diverses organisations de défense des personnes migrantes et des droits de la personne. Son livre de 2023, The Messy Ethics of Human Rights Work, publié par UBC Press, est le fruit d’une collaboration entre quatre rédacteurs et 13 contributeurs qui proposent une réflexion honnête sur les zones grises incertaines et omniprésentes de la mobilisation dans le travail sur les droits de la personne.

Références

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  1. En 1956, un soulèvement populaire en Hongrie a été violemment étouffé par les troupes soviétiques et des centaines de milliers de personnes ont fui le pays pour échapper au régime répressif.  Retour à la citation 1
  2. Bien que le terme « Cigany » soit couramment utilisé, notamment dans les recensements officiels et par les Roms de Hongrie, il est souvent perçu et utilisé comme une injure raciale. Retour à la citation 2
  3. Les Sintis sont un groupe de Roms que l’on trouve principalement en Allemagne et en Autriche.  Retour à la citation 3
  4. Le nombre de personnes roms tuées est très contesté et varie entre 0,5 et 1,5 million. Voir, par exemple, Ian Hancock, 2004. « Romanies and the Holocaust:A Reevaluation and an Overview », dans Dan Stone (éd.), The Historiography of the Holocaust, Palgrave‐Macmillan, p. 383–396. Retour à la citation 4
  5. Cette pratique de création d’une « nouvelle population magyare » s’est poursuivie tout au long du siècle et a engendré des pratiques similaires en Espagne, en Prusse et, au 20e siècle, en Suisse. (Bancroft, 2005; Feischmidt, Szombati et Szuhay 2013; Varju et Plaut 2017) Retour à la citation 5
  6. Les Aîné·e·s et les enseignant·e·s de notre communauté souhaitent continuer à raconter notre propre histoire par le biais de publications, d’œuvres d’art et de films à un public plus large, rom et non rom. Parmi les nombreuses initiatives importantes en matière d’éducation publique, on peut citer la création du premier bulletin d’information canadien sur les Roms, Romano Lil, édité par Hedina Sicerčič, une écrivaine, enseignante et militante rom bosniaque. Voici un autre exemple : https://callthewitness.net/Testimonies/CanadaWithoutShadows Retour à la citation 6
  7. Voir : https://www.unicef.org/eca/what-we-do/ending-child-poverty/roma-children Retour à la citation 7
  8. https://bpb-us-e1.wpmucdn.com/sites.harvard.edu/dist/c/679/files/2024/09/FXB_CRA-Canada-Report-Final_Confronting-Major-and-Everyday-Discrimination-Romani-Experiences-GTHA.pdf Retour à la citation 8
  9. Le Toronto Roma Community and Advocacy Centre a été créé avec le soutien de Hedina Sijercic et Lynn Hutchinson Lee. Retour à la citation 9
  10. Voir Roma get no refuge – NOW Toronto. L’utilisation des « cas types » a pris fin en 2006. Retour à la citation 10
  11. « Opre Roma » se traduit par « soulèvement des Roms » en langue romani. Retour à la citation 11
  12. Le centre communautaire rom de Toronto est dirigé par Michael Butch, un Rom Kalderash de quatrième génération, qui a une capacité étonnante à rassembler les Roms de l’Europe et du Canada, quel que soit leur pays d’origine. https://www.pressreader.com/canada/canada-s-history/20180601/282033327846022?srsltid=AfmBOopccoeH5UCmV6Ai0eGXdGk44a2zttS75P2wzRqFbn__AypD_Jaa. Retour à la citation 12
  13. Roma Community Centre media release on CBSC ruling – Ezra Levant – Romanipe Retour à la citation 13
  14. Les membres de la communauté juive, en particulier Bernie Farber, ancien chef du Congrès juif canadien, ont joué un rôle particulièrement important dans la traduction en justice de ce discours haineux. En 2013, j’ai co‐écrit un article d’opinion dans le journal National Post avec Bernie Farber https://nationalpost.com/opinion/gina-csanyi-robah-bernie-m-farber-remembering-all-the-holocausts-victims. Retour à la citation 14
  15. Voir : https://holocaustremembrance.com/what-we-do/focus-areas/teaching-learning-genocide-roma et https://www.canadianromanialliance.com/posts‑2/2020/8/30/canadian-government-officially-recognizes-romani-genocide Retour à la citation 15
  16. Voir https://www.errc.org/news/ten-years-after-the-roma-killings-in-hungary-theres-nothing-so-called-about-antigypsyism et https://www.errc.org/news/hungary-neo-nazi-murderer-finally-admits-his-guilt-13-years-after-the-roma-killings-and-confirms-two-members-of-the-death-squad-remain-free Retour à la citation 16
  17. Voir Hungary : Violent attacks against Roma in Hungary : Time to investigate racial motivation — Amnesty International Retour à la citation 17
  18. Refugee reforms include fingerprints, no appeals for some | CBC News Retour à la citation 18
  19. Voir « No Refuge : Hungarian Romani Refugee Claimants in Canada as well as Levine-Rasky’s Exclusion of Roma in Canadian Refugee Policy » Retour à la citation 19
  20. Kenney names 27 countries as 'safe' in refugee claim dealings | CBC News. Cette politique a eu des effets dévastateurs sur les personnes réfugiées homosexuelles ainsi que sur les personnes fuyant les violences fondées sur le genre. Retour à la citation 20
  21. https://kitchener.citynews.ca/2023/04/05/hangover-from-discriminatory-policies-may-still-be-felt-by-roma-refugees-advocates/ Retour à la citation 21
  22. Deported Roma have little chance of return despite disciplinary rulings against their lawyers | CBC News Retour à la citation 22
  23. https://www.thestar.com/news/immigration/federal-government-urged-to-help-roma-refugee-clients-of-disciplined-lawyers/article_be23ce9d-88e0-5dac-bd64-2264f5c8292c.html Retour à la citation 23

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Citation suggérée

Citation suggérée : Gina Csanyi-Robah avec Shayna Plaut, Ph. D.. « Nous sommes Roms ». Musée canadien pour les droits de la personne. Publié le 7 avril 2025. https://droitsdelapersonne.ca/histoire/nous-sommes-roms

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