La résistance d’une femme

L’histoire de Viola Desmond


Publié : le 29 janvier 2018

Un portrait de Viola Desmond encadré d'un rectangle vertical violet. Viola porte un haut blanc. Visibilité masquée.

Photo : gracieuseté de Joe et Wanda Robson

Détails de l'histoire

En novembre 1946, Viola Desmond, propriétaire d’un salon de coiffure, se rend au Roseland Theatre, à New Glasgow, en Nouvelle‐Écosse pour voir un film. Malheureusement, ce qui devait être une soirée au cinéma se transforme en une nuit en prison.

Ne sachant pas que le cinéma est un lieu où on applique la ségrégation, la Néo‐Écossaise noire choisit un siège au parterre. Quand elle refuse de s’installer au balcon, où les personnes noires sont censées s’asseoir, on l’arrête et l’expulse du cinéma.

Pour bien des gens, l’histoire se serait arrêtée là, mais Viola Desmond n’accepte pas les accusations portées contre elle et l’affaire se rend jusqu’en Cour suprême de Nouvelle‐Écosse.

Video : L’histoire de Viola Desmond

Une femme avant-gardiste

Viola Desmond est née en 1914 à Halifax, en Nouvelle‐Écosse. Jeune femme, elle rêve d’ouvrir un salon de beauté, mais découvre que les écoles d’esthétique de sa province n’acceptent pas les personnes noires. Au lieu de renoncer à son rêve, elle fait sa formation de coiffeuse et d’esthéticienne à Montréal et aux États‐Unis. Elle devient par la suite une entrepreneure prospère en Nouvelle‐Écosse, administrant une école et son propre salon.

Diapositives

Une image en noir et blance de Viola Desmond avec 11 autres femmes. Elles portent toutes des robes d’un blanc uni et se tiennent debout en deux rangées. Elles regardent vers l’objectif.

Viola Desmond avec la classe finissante de 1947 de l’école Desmond School of Beauty Culture.

Photo : gracieuseté de Joe et Wanda Robson
Une image en noir et blanc de Viola Desmond debout à côté d’un homme en uniforme. Debout à leur gauche, cinq femmes portent des coiffes et des robes de finissante et tiennent des fleurs. Une femme accepte un parchemin roulé de l’homme en uniforme.

Viola Desmond avec le révérend Capitaine William P. Oliver et la classe finissante de 1945 de l’école Desmond School of Beauty Culture. Il s’agit de la première classe finissante de l’école et le révérend était le conférencier invité pour l’occasion.

Photo : gracieuseté de Joe et Wanda Robson
Navigation dans les diapositives

En avance sur son temps, Viola Desmond reconnaît un marché mal desservi et crée une ligne de cosmétiques pour les personnes aux teints plus foncés. Malgré ses nombreuses réalisations, elle doit encore faire face à la pratique raciste de la ségrégation.

La ségrégation au Canada

La ségrégation est la séparation imposée des groupes raciaux. Au Canada, il n’y avait pas de lois officielles exigeant la séparation de la population noire et de la population blanche. Cependant, les entreprises comme les boutiques, les cinémas et les restaurants appliquaient leurs propres règles non officielles.

Une image en noir et blanc d’une rue de ville. La rue s’éloigne de nous vers un point invisible à l’horizon. De chaque côté de la rue se trouvent des bâtiments en brique de deux à sept étages de hauteur. Beaucoup des bâtiments ont des vitrines au rez-de-chaussée et le premier à droite a un baldaquin de cinéma qui annonce le film « The Millionairess », mettant en vedette Sophia Loren.

Roseland Theatre.

Photo : Gracieuseté de The Halifax Herald Limited

Lorsque Viola Desmond est expulsée du Roseland Theatre pour s’être assise dans une section réservée aux personnes blanches, on invoque les lois en vigueur contre elle pour avoir enfreint les règles non écrites de la ségrégation. Elle est accusée d’évasion fiscale pour avoir omis de payer la totalité de la taxe sur un billet de cinéma au parterre – une différence qui s’élève à seulement un cent.

Aux États-Unis, le racisme était flagrant. Au Canada, il était très discret – presque clandestin.

L’honorable Mayann Francis, ancienne lieutenante-gouverneure de la Nouvelle-Écosse

Une image en noir et blanc d’une femme noire assise devant une vieille machine à écrire, lisant un journal intitulé « The Clarion ».
Carrie M. Best, fondatrice et éditrice du journal The Clarion, le premier journal appartenant à des personnes noires en Nouvelle‐Écosse. 

En refusant de changer de place au cinéma et en contestant sa condamnation en cour, Viola Desmond s’attaque directement à la ségrégation au Canada. Elle n’est pas la première femme noire au Canada à résister au racisme. Carrie M. Best, fondatrice et éditrice du journal The Clarion, le premier journal appartenant à des personnes noires en Nouvelle‐Écosse, avait déjà écrit sur l’injustice de la ségrégation. En 1941, elle et son fils avaient été expulsés du même théâtre, le Roseland Theatre, pour s’être assis dans la section réservée aux personnes blanches. Comme Viola Desmond allait l’apprendre cinq ans plus tard, les efforts de Carrie Best pour mettre fin à la politique de ségrégation du cinéma n’avaient pas abouti.

Viola Desmond reconnaît que ce qui lui est arrivé est une injustice et se rend compte qu’elle a le pouvoir de dénoncer cette injustice. Après avoir discuté avec sa famille et ses amis et confirmé qu’elle a leur soutien, elle décide de contester sa condamnation, ce qui l’amène à paraître devant la Cour suprême de Nouvelle‐Écosse. Bien qu’elle perde son appel en fin de compte, sa résistance galvanise la communauté noire de Nouvelle‐Écosse et inspire le mouvement de défense des droits de la personne au Canada. Malheureusement, tout cela se fait au prix de lourdes pertes sur le plan personnel pour Viola Desmond. Son mariage prend fin et elle décide d’abandonner son entreprise en Nouvelle‐Écosse et de déménager à Montréal. Elle meurt en 1965 à New York.

Un legs canadien à la cause des droits de la personne

Le devant et l'arrière du nouveau billet canadien de 10 $ sur lequel figurent Viola Desmond et le Musée canadien pour les droits de la personne.
Photo : Banque du Canada

La justesse de la cause de Viola Desmond est officiellement reconnue en 2010, lorsque la lieutenante‐gouverneure de la Nouvelle‐Écosse lui a accordé un pardon, à titre posthume, effaçant sa condamnation des dossiers. L’histoire de Viola Desmond est longtemps demeurée inconnue pour la grande majorité de la population canadienne, mais elle devient de plus en plus connue. En effet, en 2018, elle est devenue la première femme canadienne à figurer sur un billet de 10 $ de circulation courante. Elle a aussi eu un timbre à son effigie, une « Minute du patrimoine » lui a été consacrée, et il y a même un traversier à Halifax, en Nouvelle‐Écosse, qui a été baptisé en son honneur.

La sœur de Viola Desmond, Wanda Robson, vit toujours en Nouvelle‐Écosse. L’histoire de sa sœur l’a inspirée, comme beaucoup d’autres Canadiens et Canadiennes. À 73 ans, elle est retournée aux études, a terminé son baccalauréat ès arts et, aujourd’hui, elle s’adresse aux jeunes pour leur parler de Viola Desmond et de la lutte contre le racisme. Wanda Robson sait que pour mettre un terme au racisme et à la discrimination, nous devons tous et toutes résister, comme sa sœur l’a fait.

Deux femmes souriantes se faisant face, et d’autres personnes en arrière-plan.
Photo : Communications Nova Scotia, photographie de Shirley Robb

Rétablir les faits

Mayann Francis, lieutenante‐gouverneure de la Nouvelle‐Écosse (à gauche), s’entretient avec Wanda Robson, la sœur de Viola Desmond, après la cérémonie du pardon, en 2010.

Photo : Communications Nova Scotia, photographie de Shirley Robb
Une photo en noir et blanc de Viola Desmond (au centre) lors d’une sortie, en compagnie de sa sœur et de son beau-frère (1955). Visibilité masquée.

Les choses vont changer. Il faut être patient et ne jamais abandonner. Jamais.

Wanda Robson

Photo : Gracieuseté de Joe et Wanda Robson

Nous avons invité des gens partout au pays de prendre leur place comme Viola Desmond.

Video : Prendre sa place comme Viola

Vous pouvez visiter l’exposition La résistance d’une femme dans la galerie Les parcours canadiens, au niveau 2.

Explorer l'histoire des personnes noires du Canada

L’histoire d’Africville

Par Matthew McRae

Si vous n’avez jamais entendu parler d’Africville, vous n’êtes pas la seule personne à ne pas connaître l’histoire de cette petite communauté noire qui a été démolie par la Ville de Halifax dans les années 1960. Depuis, les personnes qui y habitaient se battent pour obtenir justice.

Mots-clés :

Un groupe de maisons en bois près d’un grand plan d’eau avec des fleurs rouges au premier plan.

Porteurs noirs de wagons‐lits

Par Travis Tomchuk

Les hommes noirs employés comme porteurs de wagons‐lits au Canada à partir de la fin du 19e siècle jusqu’au milieu de années 1950 étaient victimes de discrimination raciale et d’exploitation au travail.

Photo en noir et blanc de quatre hommes en tenue de porteurs ferroviaires. Tous les quatre sourient et les deux du centre se serrent la main.

L’esclavage noir dans l’histoire canadienne 

Par Steve McCullough et Matthew McRae

Le Canada se félicite d’avoir été une destination pour les personnes américaines qui fuyaient l’esclavage par le chemin de fer clandestin. Mais l’esclavage a également fait partie de l’histoire du Canada pendant plus de 200 ans.

Des menottes rouillées sont suspendues sur un mur blanc.

Citation suggérée

Citation suggérée : . « La résistance d’une femme ». Musée canadien pour les droits de la personne. Publié le 29 janvier 2018. https://droitsdelapersonne.ca/histoire/la-resistance-dune-femme

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